LA PETITE FAIBLESSE... AVEC JOHN FANTE

 

LA PETITE FAIBLESSE … AVEC JOHN FANTE

... La journée s'annonçait splendide. L'orage avait lavé puis astiqué le monde. La mer était une immense tarte aux mûres et le ciel brillait comme le manteau de la madone. L'air sentait les pins et le sel, et je distinguais les îles de Santa Barbara distantes de quarante miles, à cheval sur l'horizon comme une bande de baleines bleues. C'était le genre de journée qui torturait un écrivain, si belle qu'il savait d'avance qu'elle lui volerait toute son ambition, étoufferait la moindre idée née de son cerveau. ...

John Fante. West of Rome (Mon chien stupide)

 

Malibu mars 2008. crédit image b bosch

 

Ce matin je pense à lui. Il fait beau, je viens de m'installer devant l'ordinateur avec la ferme intention d'aligner quelques phrases qui me plairaient et qui m'indiqueraient que j'ai repris le fil, celui de l'écriture, du récit, du plaisir et de l'appréhension. Mon cher mari vient d'entrer me proposant d'aller marcher au bord de l'océan et bim ! La simple idée de planter mes pieds nus dans le sable, de sentir le vent sur mon visage et de cligner des yeux au soleil devant les rouleaux de l'atlantique a fait fondre ma misérable détermination. 

Je suis faible... Oui parce que je vais chausser une paire de baskets et grimper dans la voiture pour rejoindre l'océan à cinq minutes d'ici.

Alors oui je pense à John Fante dont je suis une fan absolue et je fantasme quelques instants et sans vergogne aux souvenirs exquis, brillants et caustiques de son écriture, de son autodérision.

Ah merci John Fante. Je reviens dans une heure. Présomptueuse et déculpabilisée...

SMALL WEAKNESS… WITH JOHN FANTE

... The day promised to be splendid. The storm had washed and polished the world. The sea was a huge blackberry pie and the sky shone like the Madonna's mantle. The air smelled of pines and salt, and I could make out the islands of Santa Barbara forty miles apart, straddling the horizon like a band of blue whales. It was the kind of day that tortured a writer, so beautiful that he knew in advance that it would rob him of all his ambition, stifle the slightest idea that arose in his brain. ... John Fante. West of Rome (My Stupid Dog)

This morning I think of him.

The weather is fine, I have just sat down in front of my computer with the firm intention to line up a few sentences that I would like and that would indicate to me that I have taken up the thread, that of writing, of storytelling, of pleasure. and apprehension. My dear husband has just entered the studio offering me to go for a walk by the ocean and bim! The mere thought of planting my bare feet in the sand, feeling the wind on my face, and blinking in the sun at the Atlantic rollers melted my miserable resolve.

I'm weak ... Yes because I'm going to put on a pair of sneakers and climb into the car to reach the ocean five minutes from here.

So yes I think of John Fante of whom I am an absolute fan and I fantasize for a few moments and shamelessly with the exquisite, brilliant and caustic memories of his writing, of his self-mockery.

Ah thank you John Fante. I will be back in an hour. Presumptuous and no longer felt guilty ...