Croquer les personnages



 
Quand j'écris, j'ai toujours avec moi un gros carnet et un cahier. Le cahier est un outil disons, pragmatique : des adresses, des codes, des documents contractuels, des informations administratives, des fautes à corriger (il en reste toujours, c'est pénible. La dernière mise à jour date de Juin...), des notes de rendez-vous, etc.

Le gros carnet est quant à lui rempli d'indications et de repères totalement désordonnés mais essentiels évidemment. Des notes sur les œuvres d'artistes citées dans le roman aux notations des décalages horaires entre Belfast et New York, des bribes (illisibles) de dialogue aux mots époustouflants que l'on espère coucher sur une page, des citations d'écrivains et d'artistes aux noms provisoires puis définitifs des personnages, des envies de lieux à décrire aux petites étincelles de chronologie, des phrases qui "tuent" (et qui resteront à jamais dans ce carnet), des plans, un ticket de caisse, une fleur séchée irlandaise,  des petits croquis... 

Et puis une série de portraits/notes des personnages principaux. Parce que j'avais en tête des idées précises de leurs physiques, je les ai associées à des personnes de mon entourage, des comédiens, des fantasmes, peut-être des stéréotypes... J'ai "bricolé" aux feutres et au crayon des figures que je suppose ressemblantes à mes projections. À partir de photos et de souvenirs, j'ai commencé à faire mon gribouillis/casting  (je ne vous dévoilerai pas la distribution...) et j'ai pris goût gentiment à ces brouillons colorés qui donnaient corps et allure aux personnages, comme l'attachement grandissant qui me liait à eux au fur et à mesure qu'ils évoluaient dans le récit.

Je n'avais pas prévu qu'ils sortent du gros carnet parce qu'ils n'étaient que des notes, des repères, des récréations parfois quand l'écriture se la jouait trop studieuse. Parce qu'ils font aussi partie de l'histoire et parce que la toute jeune agence #Books avec qui je collabore depuis peu m'a convaincue de les publier, ils apparaissent aujourd'hui sur Instagram (dans la pastille personnages) et ici.

Leur "valeur" réside peut-être dans un désir maladroit d'incarner les personnages qui ont partagé ma vie pendant une année, et ces présences brouillonnes, fixées dans le gros carnet, sont devenues bienveillantes et persuasives.



TO SKETCH THE CHARACTERS

When I'm writing, I always have a big notebook and a”cahier” with me. The “cahier” is a pragmatic tool: addresses, logins, contractual documents, administrative informations, mistakes to correct (there are still some, it's painful. The last update was in June ...) , meeting notes, etc. The big notebook is filled with completely messy but obviously essential indications and landmarks. From notes on the works of artists cited in the novel to notations of the time differences between Belfast and New York, from (unreadable) snatches of dialogue to the astounding words that we hope to put on a page, quotes from writers and artists to temporary then definitive names of the characters, desires for places to be described to little sparks of chronology, phrases which "kill" (and which will remain forever in this notebook), plans, a receipt, a dried flower Irish, small sketches ...

And then a series of portraits / notes of the main characters. Because I had in mind precise ideas of their physical appearance, I associated them with people around me, actors, fantasies, maybe stereotypes ... I "tinkered" with markers and pencil figures which I suppose to look like my projections. From photos and memories, I started doing my scribbling / casting (I won't reveal the cast to you ...) and I took a nice liking to these colorful drafts that gave body and allure to the characters, like the growing attachment that bound me to them as they developed in the story.

I hadn't expected them to come out of the big notebook because they were only notes, landmarks, recreations sometimes when writing was played too studiously. Because they are also part of history and because the very young #Books agency with which I recently collaborated convinced me to publish them, they appear today on Instagram (in the characters badge) and here.

Their "value" may lie in an awkward desire to embody the characters who have shared my life for a year, and those muddled presences, fixed in the notebook, have become benevolent and persuasive.


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