Le premier extrait

Deux mois après le lancement de Saut de page, voici un premier extrait de Aimer l'art puis s'ennuyer...
Une relecture pour certaines et certains d'entre vous, une invitation à découvrir, à avoir envie peut-être d'aller plus loin pour les autres.

Nous pourrions convenir d'un rendez-vous bimestriel avec un fragment de lecture.
Ces extraits ne seront pas contextualisés (il n s'agit pas d'en trop dévoiler...), ils seront des portes entrouvertes sur des personnages, des lieux, des actions du roman.

Bonne lecture

 

...
Un taxi attendait Joachim da Silva à l’aéroport de Lisbonne. Il avait somnolé dans l’avion et un sérieux mal de tête lui barrait le front. Il grimpa dans la voiture et le chauffeur démarra immédiatement. Il comprit très vite qu’ils ne roulaient pas vers Lisbonne, mais prenaient la direction de la côte. Une demi-heure plus tard, on le déposait devant l’entrée d’un gigantesque hôtel situé aux pieds d’un des plus élégants golfs de Cascais, la station balnéaire huppée des lisboètes. Il préférait personnellement Sintra, plus accordée à son dandysme.

L’hôtel était vide, semblait-il. Un vieil homme encravaté jouait du piano dans l’immense patio du bar, une soupe plus ou moins jazzy, tremblante et soporifique. Cet endroit devait grouiller de golfeurs de tous horizons durant l’été, mais en plein mars, il y avait comme un air de catastrophe survenue récemment, laissant les espaces, les cours, les couloirs et les jardins intérieurs emprunts d’une solitude accidentelle.

Il n’avait posé aucune question au chauffeur, qui ne lui aurait certainement pas répondu d’ailleurs. Il doutait qu’il puisse encore en poser une seule après le risque déplacé et inutile qu’il avait pris en rencontrant Gloves. On lui avait réservé une chambre. Un message sur le lit lui souhaitait la bienvenue et lui indiquait qu’il serait contacté dans les plus brefs délais après son arrivée.

Cascaïs 2018 image bbosch  

La chambre était spacieuse, mais totalement insipide. Seule la grande terrasse lumineuse était agréable. Il s’y installa en allumant un cigare. Il regarda presque sans le voir l’un des petits lacs nichés sur le golf qui s’étirait devant lui, stoppé par un mur sombre de pins maritimes surplombé par la ligne grise de l’océan atlantique. Le soleil se voilait imperceptiblement et une légère brise lui rappela que le printemps n’était pas encore tout à fait là. La sonnerie du téléphone le sortit de sa rêverie. Il décrocha.

 — Monsieur Berthelot vous attend au bar.

— Merci, je descends.

Il se rendit dans la salle de bains et se planta devant le miroir. Il ramena ses cheveux noirs en arrière en les pressant sur son crâne puis appuya ses doigts sur ses globes oculaires pendant quelques secondes. Il scruta son visage. Il prit la bouteille d’eau sur la tablette et but lentement tout son contenu. Il essuya une goutte qui glissait sur son menton.
...

 

© brigit bosch Aimer l'art puis s'ennuyer roman 2021

 

 

 

Two months after the launch of Saut de page, here is a first excerpt from Aimer l'art puis s'ennuyer ... A rereading for some of you, an invitation to discover, and perhaps to want to go further for the others. We could agree upon a bimonthly rendez-vous with a reading fragment. These extracts will not be contextualized (it is out of the question of revealing too much ...), they will be doors half-open on characters, places, actions of the novel.

Good reading

... 

A taxi was waiting for Joachim da Silva at Lisbon airport. He had dozed off on the plane and had a serious headache across his forehead. He climbed into the car and the driver drove off immediately. He quickly realized that they weren't driving towards Lisbon, but heading for the coast. Half an hour later, he was dropped off in front of the entrance to a gigantic hotel located at the foot of one of the most elegant golf courses in Cascais, the upscale seaside resort of Lisbon. He personally preferred Sintra, more attuned to his dandyism. The hotel was empty, it seemed. An old man in suit and tie was playing piano in the bar of the huge patio, more or less jazzy soup, trembling and soporific. This place must have been teeming with golfers from all walks of life during the summer, but in the middle of March it seemed like a recent disaster, leaving the spaces, courtyards, hallways and interior gardens in accidental solitude.

He hadn't asked the driver any questions, and he certainly wouldn't have answered him. He doubted he could still pose a single one after the misplaced and unnecessary risk he had taken upon meeting Gloves. They had reserved a room for him. A message on the bed welcomed him and told him that he would be contacted as soon as possible after his arrival. The room was spacious, but totally bland. Only the large, bright terrace was pleasant. He settled in there, lighting a cigar. He looked almost blindly at one of the small lakes nestled on the golf course stretching out in front of him, stopped by a dark wall of maritime pines overlooked by the gray line of the Atlantic Ocean. The sun was clouding imperceptibly and a light breeze reminded him that spring was not quite here yet. The ringing of the phone snapped him out of his reverie. He picked up.

— Monsieur Berthelot is waiting for you at the bar.
— Thanks, I'm going downstairs.

He went to the bathroom and stood in front of the mirror. He pulled his dark hair back, pressing it against his scull, then resting his fingers on his eyeballs for a few seconds. He searched his face. He took the water bottle from the shelf and slowly drank all of its contents. He wiped away a drop that slipped down his chin.

 ...

© brigit bosch Aimer l'art puis s'ennuyer roman 2021


 

Commentaires

Articles les plus consultés