Venise... e la nave va*

 

Aimer l'art puis s'ennuyer est un roman voyageur et quelques scènes déterminantes se déroulent à Venise entre les Giardini et la Giudecca, deux endroits que j'affectionne
particulièrement. 

Comment peut-on dire encore la beauté et l'étrangeté de Venise ?

 

Un vrai sujet bateau non ? Et des bateaux, il n'en manque pas. Gondoles, vaporetti, motoscafi pour les plus emblématiques mais aussi les barques, grandes ou petites... Sans parler des monstres de croisière qui ont accosté pendant des années sur le quai en face de la Via Garibaldi ou emprunté le Canal de la Giudecca. (Depuis Avril ils doivent contourner le canal pour rejoindre le port industriel de la Marghera en attendant des mesures encore plus radicales.)
...

La beauté et l'étrangeté de Venise se trouvent peut-être aussi dans l'expérience de toutes ces embarcations voguant sur les eaux vertes de la lagune et qui malgré tout, demeurent si exotiques à nos yeux. Celle que je préfère c'est la navette ou le bateau-taxi qui nous emmène de l'aéroport Marco Polo jusqu'à Venise. Je ne me lasse jamais de ce moment aquatique intermédiaire si particulier qui me cueille, à peine tombée des cieux, pour me porter vers la pierre d'Istrie, les briques et le bois de la cité. Me suffisent alors le ronronnement du moteur, les ondes grises et vertes de la surface de l'eau, un cormoran se séchant sur une bricola* émergeant des flots, une barque noire frissonnant sur l'horizon.

 
Scintillement, légère brume, ciel intense, pluie troublante, soleil au coucher... Voir l'air, sentir l'eau, deviner la silhouette érigée, emprunter la route serpentine. Puis enfin arriver, poser le pied sur les dalles et marcher vers le campo San Lorenzo ou l'église del Redentore sur la Giudecca.

 
Il y a d'autres traversées, moins sujettes à la rêverie, mais qui m'ont définitivement fait aimer Venise. J'ai emprunté deux fois le Traghetto. Cette grande barque noire pouvant accueillir une quinzaine de personnes est conduite par deux rameurs qui coupent le Grand Canal. Le trafic y est dense et j'ai ressenti un instant une certaine fierté « vénitienne » à rester debout pendant près de trois minutes sur les eaux turbulentes du grand boulevard fluvial. Sensation incomparable...

À peine évoquée Venise, que l'envie d'y être surgit. L'année 2021 devait être celle de la 59ème Biennale d'art qui n'a pas eu lieu à cause de la pandémie. Je me rends à Venise à l'occasion de la Biennale depuis 1986. J'ai prévu d'y être l'année prochaine et je grimperai avec délectation dans le bateau qui voguera vers elle...


*titre du film de federico Fellini présenté à la Mostra de Venise en 1983
*pieux en partie immergés dans la lagune pour marquer les repères de navigation dans le chenal.


Commentaires

Articles les plus consultés