LA SURPRISE

J'ai retrouvé la semaine dernière dans une grande boîte que je n'avais pas ouverte depuis de nombreuses années, des tas de cartes postales, d'invitations, des feuillets annotés, des gribouillis, un carnet de rêves. Parmi ces vestiges oubliés, se trouvaient trois feuillets manuscrits. Je reconnus mon écriture un peu désordonnée et j'entrepris la lecture d'un texte fantasque et généreusement raturé. (Ah, la rature que j'ai abandonnée depuis que les touches d'un clavier d'ordinateur ont remplacé le stylo ou le crayon.... Bref, je commence à lire et je découvre avec un sentiment mêlé d'étonnement et de plaisir des mots qui expriment sous la forme d'un début de fiction le désir d'écrire un roman.

Ce texte date de deux-mille cinq, rédigé pendant l'été, dans une petite maison que nous avions louée devant la Manche. Le jardin, aussi minuscule que la maison ouvrait sur un chemin des douaniers qui longeait la côte. Je ne vais pas en dire plus. Je ne résiste au plaisir de poser ce texte ici, tel qu'il était il y a presque vingt ans. J 'ai été sincèrement stupéfaite de découvrir à quel point ce que j'ai réalisé depuis deux ans était inscrit dans cette fantaisie pseudo autobiographique.

J'espère que vous me pardonnerez ce moment d'égarement  "autosuffisant".

Je profite de ces mots pour remercier mes amis Marie-Claude et Jacques qui nous avaient permis de louer ce petit bijou.

Voilà le texte.

...Dans l'ordre, elle a lu les œuvres complètes de JK Rowling, Jim Harrisson, Angèle de Jacques Monory ; relu Impressions d'Afrique de Raymond Roussel et les Affinités électives de Goethe....

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Aujourd'hui, elle doit prendre une décision importante. Ramasser des coquillages ou écrire un roman. Difficile de trancher. L'environnement ne facilite pas le choix : la petite maison à flanc de mer, rochers et bigorneaux à quinze mètres en contrebas et vue immergeante sur les flots vert de gris de la Manche. Au loin Cherbourg comme une langue de terre bleutée, troublée seulement par quelques apparitions de voiliers triangulaires et de ferries anglophones.

C'est toujours entre sept et neuf heures pendant les vacances qu'elle se lance des défis audacieux. Les hommes de sa vie dorment encore et le silence, tant intérieur qu'extérieur est propices aux divagations existentielles . l'été dernier, il avait fallu choisir entre ouvrière du bâtiment et chanteuse de jazz. L'indécision était à la mesure du dilemme et c'est maculée de plâtre dans l'ancienne étable qui allait devenir sous peu cuisine qu'elle envisagea de poursuivre sa carrière musicale : répétitions hebdomadaires avec ses compagnons musiciens, trois ou quatre concerts annuels à l'École de musique, MJC et autres bars et fêtes de la musique... Le plaisir sans les contraintes.

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Ramasser les coquillages ne relève pas chez Stéphanie d'une activité oisive. Méthodique, la cueillette est méticuleuse. Les coquilles (toujours vides !)  sont sélectionnées petites, parfois même minuscules. Tortillons rondelets et nacrés, escargots lilliputiens jaune vif ou chocolat, grains de café rose, conques miniatures blanc mat ou zébrées de brun.
Tel un chercheur d'or, elle repère les meilleurs filons. À fraîche marée basse, les petits trésors étincelants sont souvent prisonniers dans une retenue d'eau entre les rochers. Pour aller plus vite parfois, elle les attrape agglutinés le long des serpents d'algues sèches qui s'étirent sur la plage.

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Commentaires

Marie claude a dit…
Merci Brigit. Beau texte ecrit dans ce lieu magique, L 'anse du brick....
brigit bosch a dit…
Merci Marie Claude. J'avais oublié le nom.

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